mercredi 11 juin 2008

La petite ne comprenait plus trop rien… Faut dire qu’après quelques coupes, elle riait bien plus qu’au éclats, et s’accrochait bien plus que de convenance au garrot d’Hubert.

Après une dizaine de minutes de gloussements aux bons mots d’Hubert – et pas des blagues à deux balles, elle lui susurra : « je suis crevée. ». Hubert maudit Rosa en son for intérieur. Il n’avait pas si souvent l’occasion de se pouvoir s’abreuver d’une jeune fille si bien élevée - au veau et à la crème surtout. Il laissa un majordome monter la demoiselle à sa chambre, pour éviter que l’on jase derrière son dos. Et passa enfiler une tenue plus conforme à une escapade dans la lande et l’habitat naturel d’Amargein.

Discrètement, il se dirigea vers la porte, évitant de justesse Bertrand en pleine conversation, qui déblatérait très fort « mais c’est absolument fantastique, nous devons impérativement faire un workshop d’innovation sur le sujet ».

Rosa l’attendait, en treillis noir. Sans un mot, ils commencèrent leur course dans le paysage désert. Au bout d’une bonne demie heure sous un ciel nuageux, sans pouvoir prendre le temps de profiter de l’éclat lunaire, ils virent bientôt se profiler le marais. Amargein habitait tout juste au milieu. Il faisait partie de ses vampires Bio, qui ne croyaient plus qu’aux vertus naturelles des plantes pour garder la santé. ¨Pour peu, il serait devenu végétarien.

Ils s’approchèrent de sa hutte en tourbe, bien trop frustre au goût d’Hubert. Il hurla un grand coup : « Comment va tu vielle branche ? » quand il vit son ami.

Amargein avait bien avancé dans sa mutation. Son corps se lignifiait de plus en plus, et des feuilles poussaient désormais sur son crâne chauve. Il laissait sciemment des parties de lui-même décomposer afin de fournir un humus riche, propre à la pousse, puis se nourrissait un peu de créatures du marais pour stopper le processus. On voyait donc des bonsaïs lui pousser à plusieurs endroits, et sa peau avait pris la teinte d’une écorce. Il était devenu ainsi un être mi-végétal, mi mort vivant, une espèce devenue rare, en ces temps d’urbanisation galopante.

Amargein éructa : « Mais que faites vous là tous les deux, ensemble ? Allez, entrez, vous accepterez bien une petite tisane bio ? C’est plein d’antioxydants, c’est très bon, ça ralenti le pourrissement. Rosa, ma chérie tu dois connaître ça, pour garder un teint aussi frais aussi longtemps ? Non ? Ah bon, je croyais que c’était des remèdes bien de la ville tout ça ? Enfin, tu sais, nous à la campagne, on en sais un paquet. Tiens, ne voilà pas que l’autre jour, je reçois une visite de mon neveu qui viens tout juste de Belfast. Ah quelle belle ville que celle là, il s’y passe des choses absolument étonnantes, enfin, tu sais à mon grand âge, on est bien où on est, non ? » Amargein était un moulin à parole une fois lancé.

Hubert s’apprêtait à répondre sur un ton badin. Rosa ne lui en laissa pas le temps.

D’un coup de griffe, elle décapita net Amargein. Il commença à hurler : « mais qu’est ce qu’il te prend ? », puis se repris immédiatement. Hubert n’aurait jamais cru ceci possible. Elle avait du développer de nouveaux pouvoirs.

lundi 9 juin 2008

La nuit est à nous !!

Rosa était debout sa coupe de champagne à la main, toisant tranquillement l’assistance un petit sourire en coin. Au bout d’un long moment : « Je voulais vous dire mon plaisir de vous accueillir ici, dans ce château, pour cette formation qui j’en suis certaine saura être aussi passionnante qu’enrichissante pour chacun d’entre nous, nous permettant de nous nourrir les uns et les autres. Les alcools Pimper sont donc heureux d’intégrer tous les nouveaux arrivants ici présents qui sauront nous apporter le sang neuf dont nous avons besoin ».
Hubert s’étouffait de rire derrière sa serviette, quelle actrice !! Tous les petits juniors la dévoraient des yeux, certains avaient même un léger filet de bave au coin de la bouche. Et en plus elle faisait des blagues de vampires à 2 balles, ce qui ravissait Hubert. Ah !!... satanée Rosa….
Après un repas pantagruélique passé à loucher sur le décolleté de Betty et à la servir très régulièrement en Yquème 91, Hubert roula littéralement jusqu’au grand salon pour prendre un digestif. Il hésitait encore entre une sortie nocturne pour essayer de reprendre contact avec les vieux potes et se faire une petite virée nostalgique dans la landes comme dans le bon vieux temps ou le 90C de Betty quand il vit Rosa qui lui faisait signe du coté de la cheminée. Cette garce allait lui ruiner sa soirée c’était certain….Qu’elle aille brûler en enfer se dit-il en se dirigeant vers la cheminée magistrale.
-Quoi ? Grommela avec hargne Hubert
- Ben alors mon gros loup, toujours en train de bougonner ? Loucher sur les nichons de la petite dinde blonde n’a pas suffit à te détendre un peu ?
- Quoi ?! T’es jalouse espèce de vipère ?
- De cette perruque peroxydée montée sur air ? Heu….. non, vraiment pas. Mais trêve de politesse, je pense que dès que les bébés seront couchés il va falloir que nous sortions faire un petit tour du côté de chez Amargein , ton vieux pote. Tu penses quand même pas que j’ai choisi ce coin humide à souhait juste en souvenir de nos jeunes années ? Bon alors couche la poupée gonflable et rejoins-moi dans le jardin près de la grille dans 20mn.

-Mais quelle affreuse mégère pensa Hubert en tournant les talons pour retrouver Betty, une femme plus, comment dire...selon son goût.

samedi 20 octobre 2007

Le dîner de con

Le salon de réception faisait ça à l’ancienne. Têtes d’animaux empaillés, chandeliers. Il y avait même un ou deux fusils sur les murs et quelques dagues. La salle entière était dédiée à la chasse avec scènes de curée sur les murs en grand format. Forcément ça donnait des idées à un prédateur…

Cet idiot de Bertrand pris un air très sérieux – mais il lui était difficile de cacher son excitation, donc on le voyait faire des petits soubresauts brusques à droite et gauche et son visage était illuminé d’un sourire béat. Evidement il se sentit obligé de commencer un discours fleuve en sabir Anglo-marketing que Hubert n’écoutait que très mollement. Il saisis au vol les mots « imput » « augmenter le Return on Investment », « big idea », « brand experience », « interactive disruption ». Hubert était absorbé dans la contemplation du troublant corsage de Betty, placée très justement à côté de lui. Il n’était pas moins mort vivant, mais il ne restait pas moins humain le Hubert. Et il avait cette fascination pour la jeunesse… après tout, il avait bien 424 ans de plus que la petite…

Cette contemplation fut troublée par l’arrivée d’un badge de couleur verte en forme de petite bouteille avec « Betty », que la petite accrocha juste en dessous du téton droit. Betty pris la parole en chuchotant. « Mais Hubert, tu n’accroches pas ton badge avec ton nom » ?

Hubert repris immédiatement ses esprits. Il n’allait pas ruiner son style Yamamoto black avec l’arrivée d’un vulgaire pin’s en plastique. Il grommela vaguement, n’en fit rien et ignora la remarque de Betty. Du coup, pour éviter de se faire griller t, il se mit à contempler les invités. Une belle brochette de jeunes marketeux de bonne famille. Costard cols roulés pour la plupart et cheveux en bataille pour tous. C’est vrai que ce genre de réunion était en théorie « casual wear ». Ca voulait dire, qu’on pouvait se passer de cravate et prétendre être un rebelle de la société de consommation. Bertrand continuait sa péroraison et la plupart écoutaient religieusement. Hubert s’attarda un moment sur Rosa et ils échangèrent un bref regard. Bertrand la rasait visiblement autant. A part le discours barbant de Bertrand, ce genre de séminaire se terminait systématiquement en beuverie innommable où les jeunes marketeux pouvaient prétendre faire du « team building ». Si cela consistait à passer la soirée à raconter des âneries et essayer de se taper la petite Betty, alors Hubert pouvait reconsidérer sa participation à l’équipe.

Le dîner commença et comme à l’habitude, personne n’osait piper mot, absorbé par son assiette – surtout une fois que Bertrand avait plombé l’atmosphère avec son laïus bavard. Quelques conversations à mi-voix commençaient pour des nécessités inutiles. Et vous faite quoi ? Ah oui, très intéressant. Le team building était mal parti. Heureusement, l’alcool commençait à délier les langues et les blagues vaseuses commençaient à circuler. Hubert faisait le lendemain une présentation sur « La disruption ou le chemin du samouraï » donc il y allait mollo de son côté si il ne voulait pas leur expliquer qu’il fallait déjà être mort pour commencer à faire des trucs intéressants… Il ne se l’expliquait pas, mais deux grammes dans le sang faisaient un effet assez étonnant sur les vampires – donc autant garder le gros rouge assez loin.

Le silence se fit quand Rosa porta un toast.

mardi 2 octobre 2007

Que la fête commence !

A priori cette saloperie d’Elisabeth avait une caractéristique physique extrêmement rare mais également très utile lorsqu’on est vampire : elle avait le cœur à droite…
Alors bien sur, le coup du pieu était nettement moins efficace dans ces conditions ce qui d’ailleurs avait participé à asseoir la réputation d’Elisabeth en tant qu’Immortelle parmi les Immortels, ça la faisait bien marrer Elisabeth ! Les vampires étaient bien aussi superstitieux que ces crétins d’humains, quelle tristesse...
Alors que Rosa allait lui expliquer comment Elisabeth avait remis la main sur elle, quelqu’un tapa à la porte de la chambre d’Hubert.
-« Rosa, Hubert ? C’est moi Bertrand, nous n’allons pas tarder à passer à table pour notre premier dîner de séminaire, vous êtes attendu en bas dans 20 mn»
Hubert et Rosa ré-atterrirent brutalement au XXIème siècle. C’était pas tout ça mais il n’y avait pas que les malédictions transgenerationnelles et les armées de morts vivants à gérer, il fallait aussi bosser et trouver des idées « disruptives » pour les alcools Pimper…vampire c’était plus ce que c’était.
-« Bon, c'est pas que je m'ennuie avec toi mais faut que je me change, dit Rosa, j’ai une réputation à entretenir, on reprendra cette conversation plus tard »
-« Ouai, c’est ça, grommela Hubert, d’une humeur de dogue après ce premier échange »
Il ne pensait lui-même qu’à une chose après le voyage en avion, prendre une bonne douche bien chaude. Faut dire que Hubert s’il voletait vaguement comme le font les vampires, avait une sainte horreur de l’avion. C’était pour lui totalement contre nature de voyager dans cet espèce de tas de ferraille à réaction, et puis quitte à s’écraser, il préférait que ce soit de son fait.
C’est donc douché, rasé de près et en total look Yamamoto noir qu’il arriva au dîner. Lui aussi avait une réputation à entretenir, merde ! Déjà une demi douzaine de jeunes marketeux aux dents longues devisaient gaiement autour de la cheminée magistrale un verre à la main. Hubert s’avança parmi eux la démarche féline, le sourire aux lèvres, le regard en biais à la recherche de la plus appétissante des convives. Il était de ceux qui aimaient mélanger plaisir et travail, et puis ils étaient là pour une semaine entière, fallait trouver des distractions !
Alors qu’il écoutait d'une oreille distraite les thérories marketing fumeuses d'une jeune chef de produit blonde et ambitieuse à souhait sur laquelle il avait jeté son dévolu, Rosa fit son entrée.
-« Mon dieu, que cette garce est belle, ne put s’empêcher de penser Hubert lorsqu’il la vit apparaître dans son smocking blanc un camélia à la boutonnière. »
Mais aussi vite, d’autres souvenirs moins agréables lui revirent à l’esprit et il replongea son regard dans le décolleté outrageusement pigeonnant de la blonde Betty, 24 ans, chef de produit Junior pour les liqueurs Pimper, qui affichait son CV avec presque autant de vulgarité que son 90 C.
Le maître d’hôtel vint chercher les convives pour passer à table, les festivités allaient commencer…

mercredi 26 septembre 2007

Le terrible récit

Elle repris là où ils s’étaient séparés. En 1913 à la cour du tsar. Elle lui avait collé une rouste de première classe ce jour là. Ils s’étaient disputés parce qu’elle fleuretait un peu trop avec ce démon de Raspoutine. Et Hubert n’avait jamais vraiment pu déterminer la nature du barbu – vampire ou chasseur ? Ce qui était sûr c’est qu’il ne l’avait jamais pu le sentir. Ils s’étaient perdus de vue pendant la Grande Guerre. Hubert était resté à l’arrière bien tranquille à saigner des veuves en France, tandis que Rosa était en Russie – sentant que le temps du changement était venu. Elle avait été là pour le tsar et ses ministres… et avait même eut (paraît t’il – mais Hubert n’avais jamais pu confirmer) une aventure avec le jeune Joseph Dougatchvili, lui donnant au passage un certain goût pour le sang…mais c’était une autre histoire. Rosa et son côté show off, a toujours vouloir faire la une des journaux…
En fait, Hubert compris vite que l’histoire remontait à bien avant. Il voyait Rosa venir. Les rumeurs avaient courues sur le sujet – mais jamais rien de confirmé. Sophie la Harpie lui avait livré une version – mais apparemment Rosa en avait une autre. Il la croyait morte et enterrée. Evidemment, ce n’était pas le cas.
Si il repenais les choses à leur commencement, c'était en 1588. Il était alors un nobliau fringuant se baladant en Europe en quête d’aventure. C’était en Hongrie, il venait juste de se marier avec Rosa et ils étaient partis visiter de la famille. C’est sûr c’était le genre de rencontre qu’on oubliait pas. Elisabeth Báthory était une cousine éloignée. Bien sûr elle était devenue beaucoup plus proche après ce qu’il s’était passé. Elisabeth était la mère vampire d’Hubert. L’oedipe vampire est un peu compliqué à gérer. Surtout quand comme dans le cas d’Hubert, il avait été aussi proche d’Elisabeth. Il faut dire que c’était une beauté de premier choix – et qu’elle savait en user. Evidement Rosa n’avait pas vraiment apprécié de se faire voler la vedette. Mais Elisabeth l’avait alors enfermée dans son château et lui avait donné assez rapidement le baiser de la mort. Habituellement Elisabeth s’amusait un peu avant de découper ses victimes en morceaux dans des tortures sophistiquées, mais Rosa lui plaisait et elle avait senti son potentiel. Hubert n’en avait rien su, à se la couler douce en Transylvanie, en ayant oublié Rosa, sous le charme d’Elisabeth. Rosa s'était échappée et était tombé sur le poil d’Hubert et avait fini par réussir à coller ce procès en sorcellerie à sa mère. L’Oedipe est terrible chez les vampires, surtout si vous ajoutez une bonne dose de jalousie. Elisabeth avait fini emmurée dans son château après son procès. Hubert avait passé un sale quart de siècle, pourchassé par Rosa et autres chasseurs avant d’aller atterrir en Irlande, bien loin de l’Europe centrale. Ils avaient conclu alors un pacte de non-agression – s’envoyer des armées de mort vivant l'un sur l'autre dans toute l'Europe n’avait plus aucun sens.
Elisabeth avait fini par être reportée morte entre ses quatre murs. Et c’est là que l’erreur se profile, car elle arriva à s'extraire de sa prison. La maçonnerie hongroise avait encore quelques progrès à faire. Evidement, elle avait cherché à se venger de Rosa et s’était ensuivie une guerre mémorable entre les deux mégères. Rosa avait finalement eut le dessus – et sous les yeux d’Hubert elle avait planté Elisabeth d’un joli pieu. Mais comment était elle revenue pour leur pourrir la vie à tout les deux ? C'est là que le récit de Rosa devenait intéressant.

vendredi 21 septembre 2007

Sale temps

Quelle déveine !! Alors qu’il pensait pouvoir se détendre un peu en terre connue, bosser enfin tranquillement et réfléchir au retour de Rosa et à ce que cela impliquait. Et là voilà là, juste sous son nez, souriante et paradant avec sa nouvelle coupe de cheveux dans le genre casque de playmobil et son tailleur ridiculement près du corps. Elle avait toujours aimé en faire trop Rosa.
Bertrand aux anges : « Ah !! Vous avez déjà travaillé ensemble !!! Mais c’est merveilleux, cela va donner un imput supplémentaire à ce séminaire, je suis positivement ravi !!! »
Ce crétin souriait à s’en décrocher les mâchoires en sautillant d’un pied sur l’autre encore un peu et il aurait battu des mains comme un enfant de 4 ans à qui l'on vient d’acheter une glace !!!
Rosa, enchaîna aussi sec : « Parfaitement, Hubert et moi avons traversé bien des tempêtes ensemble et notre complicité légendaire ne pourra qu’être constructive pour l’avenir des alcools Pimper !!"
Tu parles Charles, ce qu’elle s’en tapait des alcools Pimper cette pimbêche !!! Hubert était repris par cette tension de la mâchoire qui ne cessait d’aller et venir depuis quelques semaines …. Il ne tenait plus en place il fallait qu’il parle à Rosa en privé. Il allait lui arracher les yeux à cette sorcière.
Ce fut Rosa, une fois encore, qui prit les choses en main : »Allons Hubert, laissons Bertrand tranquille et venez avec moi que je vous montre votre chambre, vous en profiterez pour me raconter ce que vous devenez, j’ai l’impression que cela fait des siècles que nous ne nous sommes vu .»
Une fois qu’ils ne furent plus à porter de regard Hubert s’écarta brutalement de Rosa et se retourna en la fixant de son air le plus mauvais : » Putain Rosa, tu vas me dire ce qui se passe ? C’est quoi cette foire ??? D’abord tu m’envoies tes sbires puants dans les catacombes et maintenant te voilà ici en train de foutre le Bronx dans la partie claire de ma vie !! C’est vraiment pas clean !!! Tu connais les termes de nos accords, on intervient pas dans la partie claire de nos existences !!! Alors, pourquoi tu… »
Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase elle avait plaqué sa main sur sa bouche pour le faire taire.
« Mon pauvre Hubert, t’es toujours le même moulin à parole, une vraie pétasse !!!! Imagine-toi bien que cela ne me fait pas plus plaisir qu’à toi d’être ici !! J’ai même du accepter ce boulot naze pour les alcools Pimper, ce qui soit dit en passant, à côté du poste que j’ai lâché à Bombay est de la fiente de moineau !!! Alors ferme ta grande gueule et écoute bien ce que je vais te dire. » Et Rosa, commença le terrible récit…..

lundi 17 septembre 2007

Le bon vieux temps (2)

Ce ne fut pas Rosa, mais sa vielle copine, Sophie la Harpie qui passa par la fenêtre. Comme d’habitude elle était sapée en créateur des serres à la tête. Il faut reconnaître que ce n’était pas facile de s’habiller avec ses mensurations. Deux mètres dix, une paire d’ailes géantes dans le dos, mais Sophie avait toujours été un peu minette et très coquette. C’est sûr que c’était raté pour les escarpins avec ses ergots…Sophie était une vieille amie de couple, et était restée proche de Hubert après sa séparation avec Rosa. Sa condition de Harpie n’était pas facile à assumer à notre époque – surtout pour une folle de shopping comme Sophie. Et allez dissimuler une paire d’ailes de plus de quatre mètres d’envergure sous une robe de créateur…
Sophie minauda un peu – et entra dans la pièce, en laissant quelques plumes dans l’embrasure de la fenêtre.
- "Hubert, mon chéri comment va tu ? J’ai appris que Rosa était revenue ?" dit elle de sa voix mélodieuse.
Hubert grommela.
- "Je sais. Quelques uns de ses ravissants amis sont sortis de leur tombe pour venir me saluer…"
Sophie repris, sans avoir écouté Hubert
- "Je l’ai croisée hier, elle était absolument fascinante comme à son habitude. Je comprends toujours pas comment vous avez pu vous séparer…"
Sophie avait un problème de concentration – elle était incapable de maintenir une attention de plus de trente secondes.
- "Quand nous avons devisé sur ta personne, elle s’est vraiment fâchée…vous vous êtes revus récemment ? "
- "Oh, tu sais, ça fait un bail que je l’ai pas vue… une bonne centaine d’années. "
Ils continuèrent en échangeant des banalités. Sophie continuait à le draguer un peu – mais ça faisait longtemps que Hubert ne l’écoutait plus vraiment. Elle finit par prendre congé après un ou deux verres de Whisky Irlandais, tout en bavardant sur le bon vieux temps et sur la difficulté de s’approvisionner en chair fraîche de qualité. Sophie était toujours là au bon moment et sentait exactement quand Hubert avait besoin de partager quelques souvenirs – les harpies avaient un sens pour ça.

Le lendemain, Hubert partait pour son séminaire en Irlande avec les alcools Pimper. Avion de nuit jusqu’à Belfast, puis un peu de route. Il était ravi de retrouver la lande Irlandaise – la seule chose de valable dans tout ce voyage. Arrivée à l’hôtel – pour une fois ils faisaient ça bien - un château refait à neuf, pas trop éloigné de son ancienne propriété. S'il se rapellait bien, il s’agissait du château de Lord Oligan, qui s’était fait massacrer pendant la grande rébellion de 1641. Hubert sentait que cela allait être très difficile de retrouver tant de vieux souvenirs, sans pouvoir se jeter sur la nourriture comme au bon vieux temps.
Un de ses clients, un simple d’esprit nommé Bertrand le pris et lui fit faire un tour du propriétaire.
- "Oh, très cher Hubert, nous ne vous avons pas présenté à notre nouvelle directrice Marketing…"
Hubert se figea.
- "Bonjour Hubert", fit Rosa.
Hubert repris son souffle et, à l’adresse de son guide :
- "Si… nous nous sommes croisés dans une autre vie…"

lundi 10 septembre 2007

Le bon vieux temps

L'avenue d'Iena était étrangement déserte, Hubert décida de rentrer à pied en longeant les quais. Tout ça sentait mauvais. Les zombies ça aiment se déplacer en troupeau soit mais là quand même ils étaient un peu nombreux pour que ça ne soit pas bizzare. Il allait vraiment falloir qu'il tire cette histoire au clair et il serait pas étonné que le retour de cette garce de Rosa n'ai pas quelque chose à voir avec ça.

En attendant, il avait grave les crocs, ce petit intermaide l'ayant laissé sur sa faim. Il décida de faire un détour par le Père Lachaise, c'était un peu loin mais là il était toujours certain de pouvoir se faire un encas. Ca ne rata pas, un petit couple d'intellos romantiques était venu rendre hommage à Héloïse et Abelard. Trop mignon...Cette fois, il n'avait pas perdu de temps avec les mises en scènes sophistiquées de circonstances il avait fait dans l'efficacité. Il avait commencer par saigner le jeune homme brutalement, bestialement devant sa fiancée tremblante. Puis rapidement, il l'avait envoyée le rejoindre, il n'aurait pas voulu les laisser trop longtemps séparés, l'amour, toujours l'amour... Il avait ensuite quitté le cimetière en laissant les deux cadavres exangues tendrement enlacés. Un esthéte cet Hubert qu'on vous dit !!

De retour chez lui, le ventre plein et le coeur léger il pris une petite douche rapide histoire de se débarasser de l'odeur pestilencielle que ce zombie avait laissé sur lui. Puis il alla se servir un petit verre de whisky, une bouteille de ses reserves spéciales rapportées d'Irlande, l'une de celles qu'il ne sortait que lorsqu'il avait vraimnet besoin de se remettre les idées en place.
C'était quoi cette histoire ? Il n'avait jamais croisé une telle horde de zombies aggressifs dans les catacombes. Cela lui rappelait l'époque lointaine des grands affrontements entre les seigneurs de l'ombre, l'époque légendaire ou les dragons, les vampires et autres créatures de la nuits vivaient ouvertement au milieu des hommes et s'affrontaient violement pour la domination du monde. Cela faisait déjà bien longtemps que tout cela était révolu. Aujourd'hui, les créatures de la nuit vivaient sous des identités d'emprunts en planque en prenant bien garde de ne pas se faire remarquer. Avec le developpement des technologies, les hommes avaient peu à peu pris le pouvoir, tout doucement, sans bruits. Au fil des siècles, ils c'était fabriqués une nouvelle mythologie ou la science avait remplacé la magie et ou les démons d'autrefois n'avaient plus leur place. Après ces réflexions quelques peu nostalgiques sur le bon vieux temps, Hubert vida son verre, s'étira longuement et ouvrit la fenêtre en grand. Quelque chose lui disait qu'il allait avoir la visite de Rosa incessament sous peu, alors autant prendre les devants et éviter qu'elle bousille la fenêtre comme à son habitude.





dimanche 9 septembre 2007

Déboires

Il s’enfonça dans les ténèbres. Les catacombes, c’était son un underground à lui. Il se dirigea vers Les Arènes de Chaillot, le cinéma de la Mexicaine De Perforation. Depuis que la police l’avait démantelé, forcément la qualité de la pitance avait radicalement baissé, mais on trouvait toujours un ou deux zozos qui se croyaient cool, prêts à être dégustés.

Il entendit au loin une patrouille de cataflics. Pas prêt de se faire attraper, Hubert se planqua dans une galerie annexe. En théorie, les bergers allemands ne le sentaient pas, sauf, que concession à sa coquetterie, Hubert usait plus que de raison de différents parfums pour hommes. Il évitait en général de dévorer du poulet. Ca causait trop de problèmes pour la profession. Et il y avait toujours un ou deux culs bénis dans la police – des chasseurs professionnels – pour aller lancer une battue anti-vampires, sous prétexte de traque au serial killer. La dernière s’était soldé par une la destruction du Comte de Montempois, grand saigneur de Paris. La patrouille passa au loin. Il repris son chemin.

A mesure qu’il s’approchait du cinéma clandestin, il sentait qu’il y avait de quoi chasser. Quelques éclats de rires au loin. Ca fleure bon l’humain. Bingo. Il tombe sur trois idiots en train de se descendre une bouteille de whisky devant un DVD. Des jeunes de bonne famille, très XVIème. Des mets de choix, élevés au veau et à la crème dès leur plus tendre enfance.
- "Alors, les enfants. Ca boume ?" dit il d'une voix glaciale.
Les petits sont terrifiés. Ils commencent à courir. Hubert apparaît alors doucement dans la lumière. Son profil élégant se découpe distinctement sous le projecteur, dans son jean à une blinde et avec ses lunettes de soleil. Les gamins se renfrognent un peu à la vue de cette silhouette qui semble familière. L'un d'entre eux s'aventure.
- "ahh. Ca va, man ? Tu veux un peu de Whisky ?"
Sans un mot, Hubert fait quelque pas dans le cinéma. Plus aucun goût. Ces crétins étaient en train de se faire un très quelconque Seigneurs des Anneaux. Au moins la Mexicaine de Perforation projetais des films noirs plus distingués. Tout se perd en ce bas monde.
Hubert repris d’un cinglant :
- "Non, merci. J’ai juste un peu faim."
Il contemple gamins. Polo Ralf Lauren, col relevé. Mèche blonde. Heureusement, aucun ne portait de croix autour du cou. C’était le problème avec les gamins du XVIème. Ils restent là sans un mot. Cloués. Hubert éclate de rire.
- "Euuh. On peut partir si vous voulez, M’sieur. On va vous laisser tranquille" , reprends le plus courageux d’entre eux.
- "Tout va bien, mon poussin…"
Il ouvre la bouche et découvre ses crocs. Il rétracte et sors ses griffes, un de ses tics favori.
Il lit l’horreur sur leurs visages. L’un d’entre eux écarquille soudain les yeux de surprise.

Hubert sent une douleur qui lui déchire l’épaule. Il fait volte face. Un zombie est en train de le mordre. Hubert lui arrache la tête de son autre bras, resté valide. Le corps du zombie continue à l’agripper, la tête reste accrochée à son épaule, toujours en train de le lacérer. Hubert réalise que son assaillant n’est pas tout seul. Une bonne dizaine de zombies son tapis dans l’ombre, et s’approchent.

Son sang ne fait qu’un tour. Ca sens mauvais. Et pas seulement le mort-vivant avarié. Hubert lâche la bête qui est en lui. La prédation civilisée c’était fini.

Il se jette contre le mur pour se débarrasser de la tête qui continue à le mordre. Le crâne explose dans un jet fétide, emportant au passage un bout de son cachemire. La mâchoire reste incrustée dans son épaule – mais arrête de le mastiquer. Il fait face à une bonne dizaine de cadavres animés, se dirigeant vers lui. Ils ne sont pas tout frais – certains affichent une garde robe affreusement année 90 avec T-shirt Curt Cobain, jeans grunges, et des corps en putréfaction avancée. Mais qu’est ce qu’ils font là ? Pas le temps de se poser de question.

Hubert se lance dans la mêlée. D’un coup de griffe il en découpe un en deux. Les jambes continuent à lui donner des coups de pieds, tandis que le haut du corps continue à sautiller bêtement. Plusieurs bras s’agrippent à lui. Il en arrache un et s’en sers de massue pour distribuer des pains à tout va. C’est solide le zombie. Et surtout accroché à ce qui lui reste de vie. Hubert fait exploser les crânes à tour de bras. Une mandibule reste accrochée à sa jambe lui emportant un bout de mollet et de son jean Dolci et Gabbano. Un jean neuf ! Il allait payer. Hubert lance un coup de pied qui décapite net l’énergumène.

Les trois gosses sont paralysés et restent à l’écart, trop effrayés et ne comprenant pas ce qui leur arrive. Un zombie par erreur s’en prend à l’un d’entre eux et se met à lui croquer les tripes. Le petit s’époumone de douleur alors que ses deux compagnons sont frappés de catatonie.

Hubert sens bien que ses adversaires sont préparés – et un peu trop nombreux pour lui tout seul. Une retraite en bon ordre sur des positions préparées à l’avance s’impose. Enfin, un sauve qui peut. Les zombies, même décidés, ça reste assez lent. Et pas très malin.

Il se jette vers les hauteurs de la salle d’un bond de cinq mètre et s’accroche aux conduits électriques du plafond. Les zombies, faute de cible dévorent ce qu’il reste des gamins. Il observe la scène d’un air désolé. Quel gâchis. Il continue à ramper au plafond tandis que les zombies mugissent en bas. Une bouche d’égout se dessine. D’un coup de poing il la fait voler et sort avenue d’Iéna.

mardi 4 septembre 2007

Hubert & Cie (7)

Phil était salement en rogne… il tournait en rond dans son bureau son oreillette bluethooth greffée à l’oreille à éructer dans un sabir franco américain intelligible uniquement pour les initiés. Malheureusement pour lui, Hubert en faisait parti.
Au bout de quinze minutes de ce régime ayant pour principal objectif d’humilier ses visiteurs, il s’arrêta et se retourna. Hubert, impassible, mâchouillait les branches de ses lunettes.
-« Putain, Hubert c’est quoi ce merde??? On est fuking late sur les dilais de remise sur Boriéal !! Fuck man, move your ass !!! I need le trévail asap man !!”
De retour dans son bureau, Hubert, s’affale dans son confortable fauteuil en cuir (une antiquité qu’il traînait partout avec lui depuis des siècles, il était sentimental Hubert) et balance les pieds sur la table comme tout bon publicitaire qui se respecte. Il allait quand même falloir qu’un jour ou l’autre il se décide à s’occuper de ce boulet de Phil. Il pouvait quand même pas se laisser éternellement pourrir par ce nain végétarien sans réagir. Malgré un certain flegme, Hubert avait plutôt le sang chaud pour un vampire.

Il n’avait malgré les simagrées de son boss pas du tout envie de travailler et de toute façon après ses frasques de la veille, il n’y avait pas une équipe créative dispo avant 2 jours. Et puis l’idée que Rosa était de retour en ville, là toute proche, provoquait chez Hubert une sorte de contraction musculaire au niveau de la mâchoire qu’il n’arrivait pas vraiment s’expliquer. Il fallait qu’il se change les idées et c’était pas en restant là à taper une pauvre reco sur les bienfaits de l’huile d’argan sur les ridules naissantes des trentenaires urbaines stressées qu’il allait vraiment se détendre.
Il claqua la porte de son bureau, descendit au parking et enfourcha sa moto en direction de la station Filles du Calvaire. La, en suivant les voies, on trouvait rapidement l’entrée d’un souterrain qui menait aux Catacombes. Il savait qu’il n’aurait pas de mal à faire rapidement quelques rencontre intéressantes et distrayantes : quelques cataphyles en goguettes, un groupe de gamins pré pubères à la recherche de sensations fortes, deux, trois satanistes en pleine messe noire, bref les possibilités étaient larges.
A cette seule pensée, Hubert retrouvait déjà le sourire.

jeudi 30 août 2007

Hubert & Cie (6)

La vanité était un de ces péchés mortels dont abusait Hubert. Au début ca avait été très difficile de ne plus voir son reflet dans le miroir… Il se rappelle de cette époque où il devait s’entourer d’une cour de mignons pour l’admirer dans son château en Irlande. Merci le XXIe siècle. Il s’était fait installer ce système sophistiqué de projection accompagné d’une caméra pour pouvoir enfin admirer son reflet. Enfin débarrassé de ses sangsues encombrantes qui manquaient cruellement de sens esthétique – et Hubert pouvait apprécier enfin un style de vie solitaire qui lui allait si bien.
Son Blackberry se met a sonner. Carlito.
- "Groumpf. C’est moi."
Carlito avait toujours un peu de mal avec le langage articulé.
- "Comment ça va mon gros toutou ? Tu les as apprécié les petits ? J’espère que tu t’es pas fait mal avec le sac d’os. Je les avais préparés comme tu les aimes, bien saignés pour qu’ils soient bien tendres…"
Carlito émit un énorme rot pour toute réponse. Suivi d’un ou deux grognements de satisfaction. Un modèle de classe et de savoir vivre. Carlito était un esthète d’un autre genre - plus Dionysiaque qu’Apollinien.
- "Ouais. Pas mal. Je t’appelle pas pour parler bouffe. Hier soir, tu sais pas qui j’ai croisé, en boîte après le dîner." Il fait une pause. "Rosa".
Hubert blêmis. Rosa, c’était son ex de quand il était vivant. Evidement, le divorce n’avait pas été facile. On pouvais même dire qu’ils s’étaient plutôt mis sur la gueule l’un de l’autre. La dernière fois qu’ils s’étaient croisés, c’était il y a environ cent ans, à Saint Pétersbourg, à la cour du tsar avant sa chute. Et il portait encore les stigmates de cette rencontre. Depuis ils évitaient d’être sur le même continent au même moment. Aux dernières nouvelles, elle était partie chez les ricains, il y a plus de cinquante ans. Depuis, plus de nouvelles.
- "Euh, tu es sûr?" Hubert était hésitant.
- "Sûr".
Hubert racrocha, mal à l'aise.
Il reprit sa toilette. Il se badigeonna d'écran total - quelle belle invention, pour se protéger du soleil, et il sortit de chez lui pour se ruer au boulot.
Phil l'attendait...

mercredi 29 août 2007

Hubert & Cie (5)

Hubert avait vraiment abusé…il s’était empiffré comme un goret…. Et maintenant il se sentait tout chose. C’est vrai, il avait plus l’âge pour toute cette junk food et puis il fallait vraiment qu’il commence à bouffer à des horaires réguliers parce que cette alimentation anarchique commençait à lui bousiller la digestion. Heureusement que la petite l’avait fait courir, un peu d’exercice ça fait jamais de mal.
Avec tout ça il avait pris du retard dans le boulot et il allait se retrouver avec une vraie charrette et un manque douloureux d’équipe. C’est de sa faute, il peut pas s’empêcher de taper dans les forces vives de l’agence…
Le lendemain après-midi, Hubert ouvre un œil, tend le bras hors de son cercueil Ora Ito au design épuré– il a bien essayé de dormir dans un lit mais on ne change pas aussi facilement d’habitude après 450 ans- pour attraper son black berry et voir à quelle sauce il allait se faire manger. Après toutes ces bâfreries il n’avait toujours pas bouclé le dossier Boréal et il sentait qu’il allait se faire souffler dans les bronches par son boss Phil un ricain subtil à souhait. Et là, horreur absolue, un mail d’invitation à un séminaire de créativité pour les alcools Pimper…. Hubert était effondré. Il avait en horreur ce genre de réunion, non seulement il fallait être affable et souriant mais en plus on devait se lever à l’aube et on ne pouvait rien se mettre sous la dent pendant des jours. Dans ce milieu il était admis de saigner les clients mais seulement au sens figuré.
Bon, le seul truc c’était que la sauterie en question était organisée en Irlande, longtemps terre d’accueil pour Hubert, qu’il connaissait comme sa poche. Ca pourrait lui permettre d’aller saluer la famille, après tout ça faisait un bail.
Hop, une petite douche rapide et il saute dans son uniforme de commercial aux dents longues – jeans avachis à une blinde, pull en cachemire rouge sang à même la peau et lunette de soleil Ray Ban en toutes occasions (ça aurait pu paraitre suspect dans une autre profession mais chez un pubar, ça ne choquait personne). Faut dire qu’Hubert avait un petit côté minette folle de shopping qui tranchait brutalement avec le reste de ces habitudes de vampire.
Une fois prêt, il jette un coup d’œil dans le miroir, le sourire en coin et une mèche brune rebelle en travers du visage. Beau gosse le Hubert ! Surtout pour un type qui affiche plus de 450 ans au compteur. Mais la chasse pratiquée à haut niveau c’est un sport qui conserve…

Hubert & Cie (4)

La délicieuse petite Jennifer entrebâille la porte. Hubert voit sa délicate petite tête passer dans l’embrasure. Elle s’est habillée tout de noir, ce qui va bien avec sa coiffure jais qui lui encadre la tête… mignonne à croquer. Et, puis c’est étonnant avec ce qu’elle s’empiffre de Bounty d’être toujours aussi chétive…

"J’espère qu’elle ne se fait pas ces plats lyophilisés que ce con de client nous a envoyé… ça pourrait gâcher la viande, avec toutes ces merdes qu’ils mettent dedans, on sait plus ce qu'on mange aujourd'hui" se dit Hubert. Ils venaient juste de remporter le budget "Shrink Fast" et ce cher client s’était fait un plaisir d’inonder l’agence avec ses plats pestilentiels, comme pour répandre la bonne parole. Il ne se l’expliquait pas, mais la dernière fois qu’il avait croqué une anorexique accroc à cette poudre, il s’était senti barbouillé pendant deux jours.

Evidemment, Jennifer hurle en voyant le corps désarticulé de son DA. Un joli cri strident qui sens bon l’horreur. Pas de risque qu’on l’entende. A cette heure ci, il n’y a que lui et le gardien de nuit. Il avait eut la bonne idée de faire recruter un zombie pas trop causant qui répondait au nom de Martin. C’est pratique les zombies, pas un mot plus haut que l’autre, pas trop exigeant, et celui là était bien élevé, en général il attendait qu’on lui donne à manger sans trop se servir lui même. Ah oui, il y a toujours l’odeur que les humains semblaient trouver difficile à supporter. Mais il avait eut la bonne idée d'imbiber de ce nouveau parfum : "Fatal" de Tristan Iseurs. Une fragrance destinée aux hétéros un peu paumés, pour leur faire croire qu’ils peuvent encore faire tomber les filles… "Il vous emportera jusqu’au bout". Et puis, le client lui en avait fait là aussi livrer des caisses entières…

Perdu dans ses pensées, Hubert a une micro seconde de retard. Elle détale comme un lapin. Sauf que les lapins ça ne hurle pas "maman". Mais il aime bien aussi ce petit jeu, et un peu de sport avant le dessert, pourquoi pas, ça stimule la digestion.

lundi 27 août 2007

Hubert & Cie (3)

Ce boulot était vraiment top, non seulement il représentait une reserve inépuisable de bouffe mais en plus il lui permettait de laisser libre court à son sadisme naturel... et oui on est vampire ou on ne l'est pas.
Tout ces petits stagiaires cavalant dans les couloirs le ravissaient positivement, jeunes, dévoués, masochistes et toujours attifés à la dernière mode. Parce que c'est vrai, en cuisine, la présentation c'est important !!!
Bon, là, il fallait rapidement nettoyer tout ce bordel. Le petit DA il fallait le descendre fissa au parking pour le déposer sur le chemin du retour chez Carlito. Carlito, c'était sa petite faiblesse à Hubert, parce qu'on peut être vampire et avoir du coeur après tout.
Ils s'étaient connu tous les deux il y a dejà bien longtemps, à cette époque Hubert avait un mode de vie beaucoup plus en accord avec ce que l'on peut attendre d'un vampire. Il vivait dans un immense château dans un coin perdu de la lande irlandaise, un endroit idéalement lugubre et glacé. Carlito ne vivait pas loin de là, à la manière beaucoup plus triviale des loups garous, toujours à moitié à poils dans la lande à étriper quelques pauvres paysans faméliques les soirs de pleines lunes. Une vraie pitié.
Bref, ils avaient fini par sympatiser autour d'un bon diner et depuis, Carlito était devenu un peu l'âme damnée d'Hubert si l'on peut dire.
Donc, on attrape le corps desarticulé on le met dans une grande vache de présentation, c'est pas idéal mais bon, c'est mieux que rien, on prend l'ascenseur pour le parking et hop direction l'appart de Carlito.
Alors qu'il était en train de chercher des yeux dans son bureau la fameuse vache, Hubert entendit un timide grattement à la porte.
-"Hubert?..." demanda une voix féminine tremblante" Je peux rentrer ? J'ai tes accroches retravaillées comme tu me l'as demandé"
-"Merde, la petite rédac qui bosse avec le type que je viens de saigner " pensa Hubert"Va falloir que je m'en débarasse aussi et j'ai plus vraiment faim... mais bon, je terminerais bien par une note sucrée et la petite passe son temps au distributeur à boulotter des Bounty, elle doit avoir un vrai goût de paradis"
Hubert rit tout seul de son bon mot en répondant d'un ton enjoué :
-"Je t'en prie Jennifer, entre mon petit bout"

Hubert & Cie (2)

Hubert est publicitaire. Non, pas le genre je-suis-bronzé-toute-l’année-même-si-je-ne-prends-jamais-de-vacances. Tout l’opposé même. Il a une réputation de stakhanoviste qui ne travaille que la nuit. Et puis sa pâleur est légendaire. Mortelle même.

Il y a toujours de quoi se sustenter dans ce boulot, si grand consommateur de chair fraîche. Des petits jeunes encore fermes mais si tendres. Il adore cette viande qui a été élevée à courir dès le plus jeune âge. Et Hubert il est comme les chats. Il aime jouer avec la nourriture.

Par exemple, pendant la dernière nocturne – pas plus tard qu’hier soir.

-"Mais c’est quoi cette bouse intersidérale ? Non mais j’y crois pas. Trois ans que tu fait ce boulot et tu n’est même pas foutu de faire un packshot correct ?"

- "Hubert… je … "(silence). "Ecoute, je suis vraiment désolé. Je croyais…"
Il déchire brutalement le cromalin qu’il tenait dans la main. Le réduit en lambeaux en deux doigts. Facile pour lui. Ce n’est pas fait comme tout le monde un vampire quand même.

-"Tu croyais ? Qu’est ce que tu croyais ? Mon Dieu, mais qui m’a donné un con pareil ? Ecoute moi bien : si je veux ton opinion, tu attends religieusement que je te la donne. Il manquerait plus que tu commences à penser…"

Là, la petite bête est terrorisée. C’est le moment qu’il préfère. Il prend son air fatigué, soupire un grand coup.

-"Bon, tu me refais tout ça pour demain matin. Fissa. Je repasse vers 4h du mat’ et ça intérêt à être fini. Tu me balances toutes les heures où tu en es sur mon blackberry."
Il sent que la pauvre créature est épuisée. Ca doit faire la cinquième nocturne d’affilée qu’elle s’inflige. Elle tient à peine debout. Et c’est assez normal quand on réfléchis. Suer sang et larmes, ça n’aide pas.

Il prend son air câlin.

- Bon, tu me fais ça bien, hein ?

Le jeune DA reprends un peu de contenance. Hubert s’approche doucement. Et là, tendrement, il lui déchiquette la carotide. Le petit DA bouge encore un peu la tête. Le sang barbouille le visage d’Hubert et se répand par grands jets sur le sol. Le corps commence à se relâcher mollement. Son souffle s'arrête. Hubert reprend le sien doucement, après une bonne grosse goulée d'hémoglobine.

"C'est pratique cette moquette rouge - faudra que j'y pense pour chez moi, c'est pas trop salissant, et ca met en appétit" se dit Hubert. "Bon, au taf maintenant… "

dimanche 26 août 2007

Hubert & Cie

Hubert avait choisi ce boulot en parti à cause des nocturnes. Bien sur, il aurait pu trouver un job plus classique : veilleur de nuit, barman, un truc dans ce goût là. Mais Hubert, trouvait ça trop convenu et socialement vraiment pas assez satisfaisant.
Donc les horaires, lui allaient parfaitement, il faisait même tout son possible pour ne bosser quasi que la nuit. Il faut dire que c’était pas trop compliqué d’y arriver, dans ce boulot pour paraître performant il fallait pas commencer à s’activer avant la tombée de la nuit, on peut même dire que c’était presque une tradition dans ce métier, même le matin arriver avant 11h c’était mal vu, limite vulgaire.
Bon, il y avait bien quelques inconvénients dans ce boulot… Faut dire qu’Hubert est assez sauvage, il n’aime pas trop la compagnie, il est même d’un naturel plutôt taciturne si l’on peut dire. Et dans ce travail, il croisait de plus en plus souvent certains de ces congénères… Et il détestait ça Hubert croiser sur son « terrain de jeu »une vieille connaissance. Ils se reconnaissaient en un clin d’œil, quelques petits tics, comme le sourire si spécial et surtout l’odeur insupportable pour un vampire et imperceptible pour un humain.
La plupart du temps, ça dégénérait, ça finissait dans une ruelle au petit matin, dans un bain de sang. Mais bon l’avantage avec les vampires c’est qu’une fois égorgés, pfff, ça disparaît en poussière, sans traces, et zou. Malheureusement on pouvait pas en dire autant des loup garous et autres démons, ça c’était une autre affaire…