lundi 27 août 2007

Hubert & Cie (2)

Hubert est publicitaire. Non, pas le genre je-suis-bronzé-toute-l’année-même-si-je-ne-prends-jamais-de-vacances. Tout l’opposé même. Il a une réputation de stakhanoviste qui ne travaille que la nuit. Et puis sa pâleur est légendaire. Mortelle même.

Il y a toujours de quoi se sustenter dans ce boulot, si grand consommateur de chair fraîche. Des petits jeunes encore fermes mais si tendres. Il adore cette viande qui a été élevée à courir dès le plus jeune âge. Et Hubert il est comme les chats. Il aime jouer avec la nourriture.

Par exemple, pendant la dernière nocturne – pas plus tard qu’hier soir.

-"Mais c’est quoi cette bouse intersidérale ? Non mais j’y crois pas. Trois ans que tu fait ce boulot et tu n’est même pas foutu de faire un packshot correct ?"

- "Hubert… je … "(silence). "Ecoute, je suis vraiment désolé. Je croyais…"
Il déchire brutalement le cromalin qu’il tenait dans la main. Le réduit en lambeaux en deux doigts. Facile pour lui. Ce n’est pas fait comme tout le monde un vampire quand même.

-"Tu croyais ? Qu’est ce que tu croyais ? Mon Dieu, mais qui m’a donné un con pareil ? Ecoute moi bien : si je veux ton opinion, tu attends religieusement que je te la donne. Il manquerait plus que tu commences à penser…"

Là, la petite bête est terrorisée. C’est le moment qu’il préfère. Il prend son air fatigué, soupire un grand coup.

-"Bon, tu me refais tout ça pour demain matin. Fissa. Je repasse vers 4h du mat’ et ça intérêt à être fini. Tu me balances toutes les heures où tu en es sur mon blackberry."
Il sent que la pauvre créature est épuisée. Ca doit faire la cinquième nocturne d’affilée qu’elle s’inflige. Elle tient à peine debout. Et c’est assez normal quand on réfléchis. Suer sang et larmes, ça n’aide pas.

Il prend son air câlin.

- Bon, tu me fais ça bien, hein ?

Le jeune DA reprends un peu de contenance. Hubert s’approche doucement. Et là, tendrement, il lui déchiquette la carotide. Le petit DA bouge encore un peu la tête. Le sang barbouille le visage d’Hubert et se répand par grands jets sur le sol. Le corps commence à se relâcher mollement. Son souffle s'arrête. Hubert reprend le sien doucement, après une bonne grosse goulée d'hémoglobine.

"C'est pratique cette moquette rouge - faudra que j'y pense pour chez moi, c'est pas trop salissant, et ca met en appétit" se dit Hubert. "Bon, au taf maintenant… "

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