dimanche 9 septembre 2007

Déboires

Il s’enfonça dans les ténèbres. Les catacombes, c’était son un underground à lui. Il se dirigea vers Les Arènes de Chaillot, le cinéma de la Mexicaine De Perforation. Depuis que la police l’avait démantelé, forcément la qualité de la pitance avait radicalement baissé, mais on trouvait toujours un ou deux zozos qui se croyaient cool, prêts à être dégustés.

Il entendit au loin une patrouille de cataflics. Pas prêt de se faire attraper, Hubert se planqua dans une galerie annexe. En théorie, les bergers allemands ne le sentaient pas, sauf, que concession à sa coquetterie, Hubert usait plus que de raison de différents parfums pour hommes. Il évitait en général de dévorer du poulet. Ca causait trop de problèmes pour la profession. Et il y avait toujours un ou deux culs bénis dans la police – des chasseurs professionnels – pour aller lancer une battue anti-vampires, sous prétexte de traque au serial killer. La dernière s’était soldé par une la destruction du Comte de Montempois, grand saigneur de Paris. La patrouille passa au loin. Il repris son chemin.

A mesure qu’il s’approchait du cinéma clandestin, il sentait qu’il y avait de quoi chasser. Quelques éclats de rires au loin. Ca fleure bon l’humain. Bingo. Il tombe sur trois idiots en train de se descendre une bouteille de whisky devant un DVD. Des jeunes de bonne famille, très XVIème. Des mets de choix, élevés au veau et à la crème dès leur plus tendre enfance.
- "Alors, les enfants. Ca boume ?" dit il d'une voix glaciale.
Les petits sont terrifiés. Ils commencent à courir. Hubert apparaît alors doucement dans la lumière. Son profil élégant se découpe distinctement sous le projecteur, dans son jean à une blinde et avec ses lunettes de soleil. Les gamins se renfrognent un peu à la vue de cette silhouette qui semble familière. L'un d'entre eux s'aventure.
- "ahh. Ca va, man ? Tu veux un peu de Whisky ?"
Sans un mot, Hubert fait quelque pas dans le cinéma. Plus aucun goût. Ces crétins étaient en train de se faire un très quelconque Seigneurs des Anneaux. Au moins la Mexicaine de Perforation projetais des films noirs plus distingués. Tout se perd en ce bas monde.
Hubert repris d’un cinglant :
- "Non, merci. J’ai juste un peu faim."
Il contemple gamins. Polo Ralf Lauren, col relevé. Mèche blonde. Heureusement, aucun ne portait de croix autour du cou. C’était le problème avec les gamins du XVIème. Ils restent là sans un mot. Cloués. Hubert éclate de rire.
- "Euuh. On peut partir si vous voulez, M’sieur. On va vous laisser tranquille" , reprends le plus courageux d’entre eux.
- "Tout va bien, mon poussin…"
Il ouvre la bouche et découvre ses crocs. Il rétracte et sors ses griffes, un de ses tics favori.
Il lit l’horreur sur leurs visages. L’un d’entre eux écarquille soudain les yeux de surprise.

Hubert sent une douleur qui lui déchire l’épaule. Il fait volte face. Un zombie est en train de le mordre. Hubert lui arrache la tête de son autre bras, resté valide. Le corps du zombie continue à l’agripper, la tête reste accrochée à son épaule, toujours en train de le lacérer. Hubert réalise que son assaillant n’est pas tout seul. Une bonne dizaine de zombies son tapis dans l’ombre, et s’approchent.

Son sang ne fait qu’un tour. Ca sens mauvais. Et pas seulement le mort-vivant avarié. Hubert lâche la bête qui est en lui. La prédation civilisée c’était fini.

Il se jette contre le mur pour se débarrasser de la tête qui continue à le mordre. Le crâne explose dans un jet fétide, emportant au passage un bout de son cachemire. La mâchoire reste incrustée dans son épaule – mais arrête de le mastiquer. Il fait face à une bonne dizaine de cadavres animés, se dirigeant vers lui. Ils ne sont pas tout frais – certains affichent une garde robe affreusement année 90 avec T-shirt Curt Cobain, jeans grunges, et des corps en putréfaction avancée. Mais qu’est ce qu’ils font là ? Pas le temps de se poser de question.

Hubert se lance dans la mêlée. D’un coup de griffe il en découpe un en deux. Les jambes continuent à lui donner des coups de pieds, tandis que le haut du corps continue à sautiller bêtement. Plusieurs bras s’agrippent à lui. Il en arrache un et s’en sers de massue pour distribuer des pains à tout va. C’est solide le zombie. Et surtout accroché à ce qui lui reste de vie. Hubert fait exploser les crânes à tour de bras. Une mandibule reste accrochée à sa jambe lui emportant un bout de mollet et de son jean Dolci et Gabbano. Un jean neuf ! Il allait payer. Hubert lance un coup de pied qui décapite net l’énergumène.

Les trois gosses sont paralysés et restent à l’écart, trop effrayés et ne comprenant pas ce qui leur arrive. Un zombie par erreur s’en prend à l’un d’entre eux et se met à lui croquer les tripes. Le petit s’époumone de douleur alors que ses deux compagnons sont frappés de catatonie.

Hubert sens bien que ses adversaires sont préparés – et un peu trop nombreux pour lui tout seul. Une retraite en bon ordre sur des positions préparées à l’avance s’impose. Enfin, un sauve qui peut. Les zombies, même décidés, ça reste assez lent. Et pas très malin.

Il se jette vers les hauteurs de la salle d’un bond de cinq mètre et s’accroche aux conduits électriques du plafond. Les zombies, faute de cible dévorent ce qu’il reste des gamins. Il observe la scène d’un air désolé. Quel gâchis. Il continue à ramper au plafond tandis que les zombies mugissent en bas. Une bouche d’égout se dessine. D’un coup de poing il la fait voler et sort avenue d’Iéna.

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